- casaque
-
• 1413; o. i.; probablt du turc quzzak ou kazak « aventurier », nom donné à des cavaliers du bord de la mer Noire et appliqué ensuite à leur vêtement1 ♦ Vx Vêtement de dessus à larges manches. Casaque des mousquetaires (au XVII e s.).2 ♦ Fig. Tourner casaque : fuir; par ext. tourner le dos à ceux de son parti, changer de parti, d'opinion (cf. Retourner sa veste).3 ♦ Veste en soie de couleur vive, que portent les jockeys.4 ♦ Vieilli Blouse ou courte jaquette de femme.casaquen. f.d1./d Manteau ample à larges manches.|| Loc. fig. Tourner casaque: changer d'avis, de parti.d2./d Veste de jockey en soie, de couleur voyante.⇒CASAQUE, subst. fém.A.— HABILL. Vêtement masculin de dessus, à larges manches.1. Vieilli. [La casaque est d'étoffe grossière] Casaque pour la campagne, pour la pluie (Ac. 1798-1878). Casaque de peau de chèvre. La casaque rouge [des bagnards] (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 99). Livrée d'un domestique, d'un valet : casaque de palefrenier (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, 1811, p. 70).— P. méton., THÉÂTRE. La grande casaque. Rôle de premier ordre parmi les rôles de valets.Rem. Attesté ds Lar. 20e, Lar. encyclop., DG, QUILLET 1965.2. ART MILIT., vieilli. [La casaque étant un uniforme porté sur l'armure] Casaque de héros d'armes (Ac. 1835-78). Les mousquetaires portaient la casaque (Ac. 1878-1932) :• 1. ... un seigneur superbement vêtu d'un haut-de-chausses et d'un justaucorps écarlate rayé d'argent, et d'une casaque à mahoîtres de drap d'or à dessins noirs.HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 486.— Fig., vieilli. Prendre la casaque, quitter la casaque. Entrer dans la compagnie des mousquetaires, en sortir.Rem. Sens fig. attesté par Lar. 19e-20e, LITTRÉ, DG, ROB., QUILLET 1965. À noter arg. prendre la casaque, se griser (ESN. 1966).— Fig. et fam. Tourner casaque.a) S'enfuir :• 2. ... nul doute que je ne l'eusse complètement tué si une inexplicable terreur n'était venue combattre et annuler en nous les effets de notre courage. Mais nous avons dû soudainement tourner casaque, et nous n'avons dû notre salut qu'à notre habileté comme cavalier ainsi qu'à la solidité des jarrets de notre cheval à finances, ...JARRY, Ubu Roi, 1895, IV, 4, p. 75.b) Retourner la veste, changer de parti :• 3. Je reviens du Stabat. Les gens du village ne manqueront pas de dire dès demain que « j'ai tourné casaque ». Si j'allais à la messe dimanche matin, tout le « contre-parti » célébrerait décidément ma conversion.GUÉHENNO, Journal d'une « Révolution », 1938, p. 103.3. SP. [La casaque de soie des jockeys aux couleurs de leur écurie] Un joli petit jockey à casaque rose (A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 774). Ses casaques de jockey, cerise ou vert amande (MORAND, Londres, 1933, p. 207).Rem. Attesté dep. Lar. 20e ds les princ. dict. généraux.B.— P. ext. Blouse longue à manches, demi-ample ou ajustée portée par les femmes. Elle était charmante (...) dans (...) sa casaque de velours au col de dentelle (MICHELET, Journal, 1859, p. 499).Rem. Dans qq. expr. arg. casaque remplace casaquin (cf. casaquin).Prononc. et Orth. :[kazak]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1413 « vêtement de dessus à larges manches » (J. DES URSINS, Hist. de Charles VI, s. réf. ds GAY, s.v. huque); 2. 1509 hazaque (J. LEMAIRE DE BELGES, Illustr. de la Gaule, I, 43, éd. J. Stecher, t. 1, p. 328 : habillement [...] de tel sorte, que les Turcz le portent à présent); 3. 1534 « vêtement militaire » (ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., XII, 385 ds BARB. Misc. 17, n° 10); 4. [XVIIe s. s. réf. ds Lar. Lang. fr.] 1863 « sorte de manteau de femme » (LITTRÉ); 5. 1846 « veste de jockey », supra. Étymol. obsc. L'hyp. la plus probable semble être celle d'un empr. au turc
« aventurier, vagabond, nomade » (BARB. Misc., loc. cit.) ou
« id. » (LOK., n° 1143), nom donné à un peuple turc de la côte septentrionale de la mer Noire, constitué en un corps de chevaliers légers par les Polonais au XIVe s. (d'apr. BARB. Misc., loc. cit.), d'où casaque (alternant en m. fr. avec cosaque) appliqué ultérieurement au vêtement porté par ces cavaliers. L'hyp. de l'empr. au persan
« espèce de jaquette » (FEW t. 2, p. 562; BL.-W.5; v. aussi A. Thomas ds Romania, t. 35, p. 600) par apocope de l'élément -and considéré comme suff. est moins plausible. Fréq. abs. littér. :115. Bbg. BRÜCH (J.). Span. navaja, port. navalha. Span. lombriz (Regenwurm), frz. casaque, it. casacca. Z. rom. Philol. 1944, t. 64, pp. 139-147. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 206. — JÄNICKE (O.). Zu den slavischen Elementen im Französischen. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen 1968, t. 2, p. 444. — KOHLM. 1901, p. 37. — ROG. 1965, p. 35. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 154, 379. — WIND 1928, p. 38, 159, 69.
casaque [kazak] n. f.ÉTYM. 1413; orig. incert., probablt du turc quzzāh ou kazak « aventurier », nom donné à des cavaliers des bords de la mer Noire (de l'ethnie Kazak) et appliqué ensuite à leur vêtement. On propose généralement le persan kazāgand « espèce de jaquette », avec apocope de la finale -and.❖1 Vx. Vêtement de dessus à larges manches. ⇒ Manteau, surtout. || Casaque des condamnés de l'inquisition. ⇒ San-benito.1 On portait alors des casaques par-dessus un pourpoint orné de rubans.Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 25.♦ Ancien manteau militaire. ⇒ Cotte (d'armes), hoqueton, sayon (des Gaulois…), soubreveste. — Spécialt. Manteau des mousquetaires, des gardes du corps, au XVIIe siècle. — ☑ Loc. Prendre, rendre la casaque : s'engager dans les mousquetaires, les quitter.1.1 Aramis, pourquoi diable m'avez-vous demandé la casaque, quand vous alliez être si bien sous la soutane ?Dumas, les Trois Mousquetaires, t. I, p. 45.♦ Par métonymie. Vx. || Une casaque : soldat portant casaque.2 Le bruit que nous faisions (…) fit sortir d'une salle basse le seigneur du château, suivi de quatre ou cinq casaques ou manteaux rouges de fort mauvaise mine.Scarron, le Roman comique, II, III, p. 168.2 ☑ Loc. fig. Tourner casaque : fuir, et, par ext., tourner le dos à ceux de son parti, changer de parti, d'opinion (cf. Changer son fusil d'épaule, retourner sa veste).3 Il y a des gens qui disent qu'il tournera casaque, et qu'il vous aimera au lieu d'aimer l'Évêque.Mme de Sévigné, 351, 27 nov. 1673.4 Jamais nous ne fûmes aussi près de notre perte, et les plus acharnés étaient ceux des nôtres qui tournaient carrément casaque et qui allaient s'enrégimenter dans les rangs de nos ennemis et menaient la police sur des pistes sérieuses et toutes fraîches !B. Cendrars, Moravagine, in Œ. compl., t. IV, p. 123.3 Sorte de livrée. || Une casaque de cocher. — (1867, in Petiot). Veste en soie de couleur vive, que portent les jockeys. ⇒ Jaquette.5 Quelques pas plus loin, c'est un fameux sellier et ses selles en peau de daim, ses éperons dorés, ses casaques de jockeys, cerise ou vert amande (…)Paul Morand, Londres, p. 207 (1933).4 Vx. Blouse ou courte jaquette de femme.5 Blouse de chirurgien. || La casaque, la calotte et la bavette du chirurgien.6 (…) le chirurgien se nettoie les mains puis enfile des gants de caoutchouc stériles comme en 1890. On sait qu'il y a ajouté l'emploi d'une « casaque » stérile, qu'il revêt avant l'opération (…)Cl. d'Allaines, Histoire de la chirurgie, p. 90.❖DÉR. Casaquin.
Encyclopédie Universelle. 2012.